Étude
09 February 2025

L’Arizona va-t-elle maintenant investir ou économiser dans les soins de santé ?

09 February 2025

Comment l'Arizona menace-t-il notre santé?

Le nouveau gouvernement va réaliser des économies sur notre système de santé, même si sa communication initiale était presque délibérément trompeuse. Nous clarifions tout cela.

Les soins de santé ont besoin d’investissements

Il est clair qu’il faut investir dans notre système de santé. Si l’on écoute les promesses électorales du Vooruit et des Engagés, on pourrait s’y attendre. Notre personnel soignant est à bout de souffle. La charge de travail est insoutenable et de nombreux soignants s’effondrent victimes de burn-out. De plus, les hôpitaux sont dans le rouge depuis des années : ils dépensent plus d’argent qu’ils n’en reçoivent. Cela signifie qu’ils ont peu de marge pour investir dans du personnel supplémentaire.

L’accessibilité de nos soins est également sous pression. Les patients doivent supporter eux-mêmes une grande partie des coûts, en plus de leur assurance maladie obligatoire. En Belgique, les patients paient 1 € sur 6 de leur poche (1). Dans nos pays voisins, ce chiffre est bien inférieur. Nous payons donc des cotisations de sécurité sociale aux mutuelles qui couvrent autant de frais de soins que possible, mais nous devons payer en plus pour des médicaments, des visites chez le médecin ou des interventions. Les personnes qui en ont les moyens souscrivent donc une assurance supplémentaire pour couvrir davantage de leurs frais. Cela crée un fossé entre riches et pauvres et les mutuelles subissent la pression de la concurrence privée.

Qu’en est-il de la norme de croissance ?

Depuis l'annonce de l'accord de gouvernement, on jongle avec les chiffres : investit-on ou économise-t-on ? Et combien exactement ? Même les partis de la coalition semblent en désaccord entre eux. Pire encore, ils laissent entendre qu'il y aura des investissements alors qu'en réalité, des économies sont prévues. C'est le cas même si le budget augmente en montant d’euros. Comment est-ce possible ?

Budget des soins de santé

  • En 2023: €35,177 milliards 
  • En 2024: €37,825 milliards 

 

C’est €2,648 milliards de plus (2).

Mais en réalité, ça n’a pas de sens de se concentrer uniquement sur le nombre d'euros. Ce qui est bien plus important, c'est : que peut-on avoir avec ces euros ? Combien de consultations chez le pneumologue ? Combien de prothèses de hanche ? Combien de perfusions ? Le fait que le nombre d'euros augmente ne signifie pas que nous pouvons acheter plus avec.

C'est pourquoi il est plus pertinent de parler du pourcentage d'augmentation ou de diminution du budget.

Ce pourcentage dépend de beaucoup de choses :

Indexation

Parce que les prix augmentent (par exemple la facture d’énergie des hôpitaux), nous devons aussi dépenser plus d'euros pour pouvoir payer la même chose. Le budget de la santé est donc indexé. Le nombre d'euros augmente, mais pas ce que nous pouvons acheter avec.  

Des besoins de soins de santé croissants

En outre, le nombre de patients à traiter et les besoins technologiques du secteur de la santé augmentent également. Le vieillissement de la population en est un aspect. Nous savons qu'il y aura davantage de personnes âgées dans notre société. Les personnes âgées ont tout simplement besoin de plus de soins, ce qui est normal. Lorsque le gouvernement établit les budgets pour les années à venir, il doit en tenir compte. Cela est indépendant de l'amélioration de notre système de santé. Nous savons par exemple qu'il y aura également une augmentation du nombre de patients atteints de maladies chroniques. Il y a une hausse concrète du nombre de patients, et ça doit être intégré dans le budget. 

Il en va de même pour les besoins technologiques du secteur de la santé. Le fait que le matériel s'usera et devra être remplacé par des alternatives plus coûteuses et plus modernes est une certitude. Quelles que soient les décisions des décideurs politiques, ces coûts sont inévitables. Par conséquent, nous devons nous assurer qu'un budget est déjà disponible pour couvrir ces dépenses.

Cela est également calculé en pourcentage. Le Bureau du Plan effectue régulièrement des estimations de la croissance des besoins en soins de santé, exprimée en pourcentage du budget total de la santé.

C'est précisément ce qu'on appelle la norme de croissance. Nous devons déjà budgétiser les besoins en soins dont nous savons qu’ils se présenteront. Des changements de politique pourraient modifier ces besoins, mais dans le cas d'une “politique inchangée”, nous devons certainement couvrir ces coûts.

Qu’entend-on par politique inchangée ? Par exemple : les hôpitaux enregistrent des pertes massives. En conséquence, ils ont peu de marge pour embaucher de nouveaux membres du personnel soignant. La norme de croissance est nécessaire pour maintenir le rythme actuel des embauches – elle ne tient donc pas compte d'une nouvelle mesure qui permettrait d'augmenter les embauches. Ainsi, on peut déjà sentir que nous n'y arriverons pas, même avec la norme de croissance.

La conclusion est que nous devons donc dépenser plus d'argent pour maintenir la “politique inchangée” (la politique existante).

De Wever et Vandenbroucke jouent avec les chiffres

Maintenant que nous comprenons mieux le cadre, nous pouvons l'appliquer à la situation actuelle. Nous en extrayons les chiffres les plus importants.

Concrètement : Selon le Bureau fédéral du Plan, la norme de croissance pour la période 2025-2029 devrait être de 3,2 % (3). Ainsi, chaque année, le budget doit augmenter de 3,2 % pour répondre aux besoins de soins.

Le gouvernement Vivaldi a appliqué une norme de croissance de 2,5 % entre 2020 et 2023. En 2024, ils ont "exceptionnellement" réduit la norme de croissance à 2 % (en raison de la crise énergétique). Aujourd'hui, la norme de croissance est revenue à 2,5 %.

Lors des élections, Vooruit a promis de maintenir la norme de croissance à 2.5%. Les Engagés ont même plaidé pour une norme de croissance de 3,5 %, ce qui correspondait aux calculs du Bureau du Plan à ce moment-là. La N-VA et le MR, en revanche, ont plaidé pour une suppression complète de la norme de croissance.

Pour le PTB, c'est clair. Avant et après les élections, nous continuons à nous battre pour une norme de croissance de 3,5 %.

Et le nouveau gouvernement ? La norme de croissance pour les prochaines années serait la suivante : 

Année - Norme de croissance

  • 2025 : 2,5%
  • 2026 : 2%
  • 2027 : 2%
  • 2028 : 2,6%
  • 2029 : 3%

 

Ainsi, nous voyons très clairement d'où viennent ces économies. La norme de croissance est tout simplement réduite :

  • Par rapport à la norme de croissance de la Vivaldi (2,5%) : Cela représente une économie de 500 millions par rapport à la Vivaldi.
  • Par rapport à ce qui est nécessaire selon le Bureau du Plan (3,2%) : Cela représente une économie de 1,5 milliard par rapport à ce qui est réellement nécessaire.

Le secteur de la santé descend dans la rue

Si nous examinons les besoins en soins de santé actuels, nous constatons que des efforts considérables sont nécessaires pour donner un peu de répit au personnel soignant et maintenir l'accessibilité financière pour les patients. Toutes les mesures que le gouvernement souhaite prendre doivent s'inscrire dans un cadre d'économies. L’accord social pour les travailleurs du secteur de la santé doit également s’inscrire dans ce cadre. Il faut donc faire mieux avec moins d'argent. Nous ne pouvons pas soutenir cela.

Nous descendrons massivement dans la rue le 13 février pour faire entendre notre voix. Les soins de santé méritent mieux. RDV dans le bloc coalition santé - 10H30 devant le Exki Gare du Nord.


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